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L’Observatoire pour la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement organise ses premières Journées de la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement (JOSAE) et vous invite à y participer activement.
JOSAE est une rencontre annuelle conçue comme un espace et un « moment » de rencontres, d’échanges, de débats et de sensibilisations autour des diverses problématiques liées à la souveraineté/dépendance alimentaire et à l’environnement : Ruralité, Paysannerie, Questions Agricoles et Alimentaires, Semences et variétés locales et Environnement. La première rencontre aura lieu du 25 au 30 septembre 2018 au fil d’un parcours itinérant qui vise à créer les conditions idéales de rencontres mutuellement enrichissantes entre les participant.e.s et acteurs et actrices du monde rural, en premier lieu les paysan.ne.s. Partant de Tunis, passant par Zaghouan, Msaken et arrivant à Gabès, ce “voyage” abordera les problématiques et question propres à chaque étape : rencontres avec des paysan.ne.s et des membres de la société civile, visites de sites et d’exploitations agricoles et visites « institutionnelles » notamment à la Banque Nationale des Gènes (BNG), lors de la première journée (25 septembre).
Au programme, nous aurons des tables rondes autour d’expert.e.s, activistes et paysan.ne.s, y compris des producteurs engagés dans l’agro-écologie, médecins nutritionnistes et journalistes, des projections-débats en relation avec les thèmes de l’environnement, la ruralité, les semences paysannes, des conférences en présence de chercheur.e.s et activistes engagés dans les “luttes” pour la souveraineté alimentaire, ainsi que des ateliers, expositions (Photos, semences locales, produits agricoles..) et rencontres avec des acteurs locaux.
L’événement durera 5 jours et 5 nuits.
L’association prendra en charge les transports en bus, l’hébergement (en chambres doubles ou triples), les petits déjeuners et dîners. Les déjeuners sont à la charge des participant.e.s.
Dernier délai d’inscription : 20 juillet 2018
Nombre maximum de participant.e.s : 50 participant.e.s (Les 50 premier.e.s inscrit.e.s).
Frais de participation : 50 dinars par personnes à payer au moment de l’inscription.
Le paiement peut être effectué:
– En liquide ou par chèque aux locaux de OSAE à l’adresse suivante : 2, Rue Lucie Faure, Escalier A 3eme étage
– Par virement bancaire. (Relevé d’Identité Bancaire de OSAE)
PS : Si vous décidez de faire un virement, merci d’envoyer la confirmation du virement à l’email suivante: osae.marsad@gmail.com
PS : Vous recevrez une confirmation de votre inscription une fois le paiement est effectué
Contexte et historique du projet :
Depuis janvier 2011, la Tunisie traverse une des périodes les plus complexes, les plus dangereuses et les plus prometteuses de son histoire. Mais cette phase post-dictature est surtout une opportunité unique et exceptionnelle pour que des débats de sociétés s’ouvrent partout dans le pays et donnent la parole à l’ensemble des citoyens et des citoyennes pour faire apparaître et mettre en exergue les attentes, espoirs, revendications et visions de la population. La question de la dépendance/souveraineté alimentaire est incontestablement l’une des questions qui mériterait des débats citoyens urgents et approfondis.
Plus de 60 ans après son indépendance, la Tunisie reste très largement dépendante de l’extérieur pour se nourrir. Ainsi, le taux de dépendance alimentaire se situe à plus de 50 % (58 % pour les céréales). Il faut, par ailleurs, souligner deux évidences (FAOSTAT, 2016) : 1) la Tunisie est particulièrement riche en ressources naturelles (eaux -quoi qu’on en dise- sols, biodiversité etc.) et humaines (expertise et savoir-faire paysans d’une exceptionnelle diversité), « suffisantes » pour assurer une totale souveraineté alimentaire (à ne pas confondre avec « sécurité alimentaire » et « autosuffisance alimentaire ») ; 2) La Tunisie se situe, à la fois, parmi les plus grands importateurs de produits alimentaires et les grands exportateurs agricoles (essentiellement des fruits et légumes hors saison (primeurs)). Ainsi, en plus du déséquilibre chronique de la balance alimentaire, le pays est totalement dépendant du marché alimentaire et agricole mondial sur lequel, il ne dispose d’aucun outil d’influence.
Deux ou trois chiffres à retenir : les paysans disposant de moins de 5 hectares constituent 54% du nombre totale des producteurs et se partagent 11% de la surface agricole totale. En même temps, ceux disposant de plus de 50 hectares ne sont que 3% du nombre totale des agriculteurs mais exploitent 34% de la terre agricole totale1. A eux seuls, ces chiffres montrent l’ampleur des inégalités face à l’accès à la terre et à l’eau et expliquent, au moins en partie, la gravité de la dépendance alimentaire locale et nationale.
Ainsi, derrière la dépendance alimentaire de la Tunisie, il existe des réalités agricoles et alimentaires diverses que l’on pourrait résumer par cette image d’inégalités et d’injustices : pendant que quelques dizaines, ou peut être centaines, de personnes constituent des fortunes, parfois colossales, en investissant dans l’agriculture intensive et extractive orientée vers l’export, il y a presque un demi millions de paysan.ne.s que leurs terres ne suffisent plus à nourrir. Si l’on compte les membres de chaque famille paysanne, cette situation de dépendance alimentaire touche entre un million et demi et deux millions de personnes soit environ 20% de la population totale. Une paysannerie qui ne se nourrit plus de sa terre et se voit obligée de trouver d’autres sources de revenus, c’est le signe le plus significatif de l’échec des politiques agricoles et alimentaires suivies et, plus grave encore, de l’injustice et de l’inégalité face à l’accès aux ressources.
Enjeux :
1- L’absence de visibilité médiatique des problématiques agricoles et alimentaires : paradoxalement, les politiques agricoles et alimentaires du pays ne bénéficient pas, ou très marginalement, de la couverture médiatique nécessaire à la prise de conscience collective et ne figurant pas parmi les multiples débats de société qui se sont développés et multiplies depuis janvier 2011. Ainsi, les informations qualitatives et quantitatives vérifiables sur le secteur agricole et le monde paysan sont excessivement rares et les recherches sur ces deux questions sont pratiquement inexistantes, à l’exception de quelques rapports techniques produits par les différents ministères, en charge du secteur, et d’autres institutions bancaires et agences de développement.
Ainsi, l’un des objectifs des journées de la souveraineté alimentaire est d’ouvrir et de nourrir un large débat citoyen, échanger et diffuser les informations disponibles et comparer la situation en Tunisie avec d’autres pays. Plus généralement, il s’agira d’informer et de sensibiliser médias et citoyens sur les enjeux de la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne.
2- Les politiques agricoles défavorables à la petite paysannerie et à l’environnement : la politique actuelle qui consiste à favoriser le développement d’un secteur agricole « moderne », intensif, hautement mécanisé et orienté vers l’export (Ex : le développement agricole à Sidi Bouzid) est à la fois 1) fortement défavorable à la paysannerie, de plus en plus dépossédée de ses ressources naturelles, dont la terre et l’eau, 2) destructrice de l’environnement et de la biodiversité et 3) épuise les ressources hydrauliques du pays soumises à une exploitation extractiviste, alors même qu’elles ne sont pas toutes renouvelables (les nappes profondes du centre et du sud du pays) et qu’elles sont progressivement « menacées » par le changement climatique dont on commence déjà à voir les effets dévastateurs.
A cet égard, l’objectif des journées est de développer un plaidoyer solide et argumenté en vue de réorienter les politiques agricoles actuelles vers des politiques qui soutiennent et sécurisent les familles paysannes (environ 500.000 familles), protègent l’environnement et les ressources naturelles, consolident la souveraineté alimentaire locale, familiale et nationale, et préparent le pays aux conséquences du changement climatique en cours.
Objectifs des JOSAE
– Aller à la rencontre des paysans et des populations rurales, que beaucoup d’urbains ne connaissent pas, pour prendre connaissance de leurs conditions de vie et de travail ainsi que de leurs difficultés collectives et familiales, leurs pratiques et leurs choix.
– Donner une visibilité et une « audibilité » au monde rural en général et à la paysannerie en particulier et les faire connaître à l’échelle nationale et même au-delà.
– Attirer l’attention des membres de la société civile ainsi que des médias et des « experts » sur l’importance de la question agro-alimentaire par rapport aux urgences environnementales, sociales et politiques et ses implications et relations avec l’indépendance politique et la souveraineté alimentaire.`
– Échanger et réfléchir ensemble sur le bilan des politiques agricoles actuelles et proposer une nouvelle orientation vers une réelle souveraineté alimentaire qui remet le paysan, l’agriculture familiale et vivrière et l’environnement au cœur de nos politiques agricoles et alimentaires.
– Attirer l’attention des participant.e.s sur les conséquences écologiques, sanitaires et sociales des pollutions chimiques d’origines agricoles, industrielles et ou urbaines.
Programme définitif JOSAE – 25/30 Sep 2018
Jour 1 – Rencontre à la Banque Nationale des Gènes (BNG)
Jour 2 – Journées Céréales et Semences : Les variétés locales
Jour 3 – Gabes ou la mort annoncée d’un système oasien unique : entre dépossession, destruction et accaparement
Jour 4 – Gabes entre les cheminées qui étouffent et les forages qui assèchent
Jour 5 – Les jessours de montagne ; un « paysage » hydraulique au « pays » de la sécheresse
Observatoire de la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement (OSAE)
info@osae-marsad.org
39, Rue de Paris, 1° étage, appartement 2, 1002 Tunis
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