La terre entre racines, épargnes et spéculations. Appropriations foncières et recompositions de l’espace rural à Regueb (Tunisie)

Cette thèse interroge la recomposition des espaces ruraux tunisiens sous l’angle des appropriations foncières, à partir du cas de la région de Regueb. À travers une enquête in situ alliant observations, questionnaires et entretiens, l’étude se focalise sur l’évolution des usages de la terre et des faisceaux de pouvoirs (accès, gestion, vente) des exploitants agricoles. Cette démarche permet de saisir comment cette évolution influence l’agencement de l’espace rural, et comment elle est modelée en retour par ce dernier. Nos données soulignent la diversité croissante des logiques d’exploitation (paysanne, entrepreneuriale, spéculative) et les inégalités socio-économiques entre exploitants. Cette différenciation résulte en partie des politiques publiques mises en place depuis l’introduction de l’économie capitaliste coloniale (fin 19e siècle). L’individualisation de la propriété et la marchandisation de la terre ont érodé la sécurité sociale présente dans l’ancien territoire tribal collectif, exposant les propriétaires à l’instabilité du marché et à une précarisation foncière. Les paysans sont tentés d’un côté de vendre leur terre dans une logique marchande, et de l’autre de la conserver dans une logique symbolique et de sécurisation du capital. La précarisation foncière tient aussi à la pression multiforme du marché foncier et aux inégalités d’accès aux principales ressources (financement agricole, eau, marché). En dépit des stratégies qu’ils déploient, les paysans demeurent soumis à de fortes contraintes. L’étude de cette situation apporte un nouvel éclairage sur les contestations sociales qui ont marqué la région depuis 2010 et ont conduit au départ du Président Ben Ali en 2011.

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