Max Ajl s’est entretenu avec l’économiste marxiste Utsa Patnaik sur l’histoire agraire et l’impérialisme. Les travaux de Patnaik sur l’histoire économique de l’Inde et d’autres pays sous domination coloniale montrent en quoi cette expérience a accentué l’insécurité alimentaire et le chômage, des tendances qui ont de nouveau émergé sous le néolibéralisme. Cet entretien a été réalisé au sein de l’atelier « Agriculture and Imperialism », organisé par le Thimar Collective, en novembre 2018, à Beyrouth au Liban et a été initialement publié dans la Review of African Political Economy.
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Incidences de l’investissement foncier agricole sur les sociétés rurales – À propos de « la classe moyenne agricole »
La question du foncier agricole au Maroc est centrale dans les agendas politiques. La dernière stratégie de développement agricole, Génération Verte, projette de mobiliser/valoriser un million d’hectares de terres collectives, les distribuer aux ayant-droits de ces terres et à des investisseurs, dans la perspective de créer une « classe moyenne agricole ». L’intention est d’alléger les disparités sociales dans le milieu rural et instaurer un peu de justice sociale. L’article émet l’hypothèse que ces terres seront prises sur les parties du parcours susceptibles d’être cultivées. La nouvelle législation sur la tutelle administrative facilitera les procédures de leur acquisition. Mais la faisabilité de cette bonne intention est problématique. La mobilisation et la distribution du foncier collectif pourrait-elle être une solution à la question sociale et à la marginalité de la population rurale par la création d’une « classe moyenne agricole » ? L’exemple du développement de l’agriculture saharienne sur des terres de parcours, dans le Sud/Est du Maroc, a produit des résultats tout à fait contraires : consolidant le dualisme agraire, accentuant la polarisation ruraux/non ruraux et renforçant la classe des capitalistes agraire. Des facteurs objectifs, tenant à la diversité et complexité des situations des terres collectives, et subjectifs concernant la catégorie visée pour en faire une « classe moyenne agricole », pourraient se dresser devant la faisabilité de cette bonne intention. Les candidats à cette « classe moyenne agricole » disposent-ils des qualifications requises et seront-ils accompagnés et dotés en moyens financiers, techniques et manageriels pour réaliser des projets agricoles viables et productifs sur les terres qu’on leurs aurait attribuées ? L’espoir et le doute sont permis.
Interview avec le Sociologue Ruraliste marocain Mohamed Mahdi
-Habib : On est aussi chez toi, pour toi c’est quoi ici ? On est où ici pour toi ?
-Mohamed Mahdi : Ici c’est une maison familiale, c’est mon père qui l’a construite en 1953. C’est une maison en pisé. On venait ici toutes les vacances d’été, à l’époque on avait 3 mois de vacances. Après bien sûr quand on a grandi, les liens sociaux se sont, un petit peu, rompus avec le lieu mais mon père a toujours continué à y venir et donc à entretenir la maison ; pour entretenir il faut habiter. C’est ainsi que cette maison a pu se conserver.
En fait, je n’ai pas totalement coupé les liens avec le pays parce qu’en 1979-1980 j’ai réalisé un mémoire de fin d’étude, qui s’appelait à l’époque DES (diplôme des études supérieures), sur la tribu. C’était une monographie, avec à la fois un peu d’histoire orale mais aussi de la sociologie de cette région.
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Entretien Avec Gilbert Naccache
« Ce ne sont pas les individus qui comptent, … le projet (des coopératives), ayant été construit non pas sur la base d’une vision économique mais sur la base d’une vision sociale, ne pouvait qu’échouer. »
Gilbert Naccache : Enfin, on va parler de choses importantes. Très importantes parce qu’en réalité, la politique agricole, dans un pays comme la Tunisie qui venait d’être indépendante, c’est fondamental, c’est ce qui a tout déterminé. Personne ne s’en doute, les gens croient que ce sont les discours qui ont déterminé telle ou telle personne, les influences, alors qu’en réalité, c’est la politique agricole qui a été la base de tout. Je m’explique. La Tunisie était un pays « en retard », c’est-à-dire dans lequel les contradictions sociales étaient doubles. Il y avait les […]
Paysanneries, Souveraineté Alimentaire et Environnement
Une interview réalisée par Max Ajl1 avec Habib Ayeb2, le 4 mars 2018 à Tunis, en Tunisie. For the English version, follow the link: http://roape.net/2018/04/12/food-sovereignty-and-the-environment-an-interview-with-habib-ayeb/ Max : Habib, tu as réalisé beaucoup de films et écrit longuement sur la souveraineté alimentaire en Tunisie et en Egypte. Quelle est la teneur des débats autour de la …