Croyez bien en l’immensité de ma joie de vous savoir ravis de votre séjour à Tigouliane. Mais sachez que derrière le sourire affiché par les femmes et les hommes de Tigouliane2, sourire qui vous a tant émerveillé, se cachent des natures résignées à leur sort et acceptant la fatalité. L’expression usitée Ghayda Youmar Rabbi, « ce que Dieu a ordonné » résume l’état d’esprit des gens. Et c’est de cet état d’esprit, enchâssé dans un faisceau de contraintes et d’espoir que je vais parler.
Étiquette : Mohamed Mahdi
Incidences de l’investissement foncier agricole sur les sociétés rurales – À propos de « la classe moyenne agricole »
La question du foncier agricole au Maroc est centrale dans les agendas politiques. La dernière stratégie de développement agricole, Génération Verte, projette de mobiliser/valoriser un million d’hectares de terres collectives, les distribuer aux ayant-droits de ces terres et à des investisseurs, dans la perspective de créer une « classe moyenne agricole ». L’intention est d’alléger les disparités sociales dans le milieu rural et instaurer un peu de justice sociale. L’article émet l’hypothèse que ces terres seront prises sur les parties du parcours susceptibles d’être cultivées. La nouvelle législation sur la tutelle administrative facilitera les procédures de leur acquisition. Mais la faisabilité de cette bonne intention est problématique. La mobilisation et la distribution du foncier collectif pourrait-elle être une solution à la question sociale et à la marginalité de la population rurale par la création d’une « classe moyenne agricole » ? L’exemple du développement de l’agriculture saharienne sur des terres de parcours, dans le Sud/Est du Maroc, a produit des résultats tout à fait contraires : consolidant le dualisme agraire, accentuant la polarisation ruraux/non ruraux et renforçant la classe des capitalistes agraire. Des facteurs objectifs, tenant à la diversité et complexité des situations des terres collectives, et subjectifs concernant la catégorie visée pour en faire une « classe moyenne agricole », pourraient se dresser devant la faisabilité de cette bonne intention. Les candidats à cette « classe moyenne agricole » disposent-ils des qualifications requises et seront-ils accompagnés et dotés en moyens financiers, techniques et manageriels pour réaliser des projets agricoles viables et productifs sur les terres qu’on leurs aurait attribuées ? L’espoir et le doute sont permis.
Interview avec le Sociologue Ruraliste marocain Mohamed Mahdi
-Habib : On est aussi chez toi, pour toi c’est quoi ici ? On est où ici pour toi ?
-Mohamed Mahdi : Ici c’est une maison familiale, c’est mon père qui l’a construite en 1953. C’est une maison en pisé. On venait ici toutes les vacances d’été, à l’époque on avait 3 mois de vacances. Après bien sûr quand on a grandi, les liens sociaux se sont, un petit peu, rompus avec le lieu mais mon père a toujours continué à y venir et donc à entretenir la maison ; pour entretenir il faut habiter. C’est ainsi que cette maison a pu se conserver.
En fait, je n’ai pas totalement coupé les liens avec le pays parce qu’en 1979-1980 j’ai réalisé un mémoire de fin d’étude, qui s’appelait à l’époque DES (diplôme des études supérieures), sur la tribu. C’était une monographie, avec à la fois un peu d’histoire orale mais aussi de la sociologie de cette région.
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